Cette formation SST dont l'utilité n'est plus à prouver se veut généraliste et ne traite pas spécifiquement des Situations à Multiples Victimes (SMV) de type attentat, accident de transport, catastrophe naturelle ou industrielle. Voici quelques conseils qui pourraient vous servir dans de pareilles situations qui restent heureusement exceptionelles. |
|
Quelles doivent être les priorités d'action du citoyen sauveteur secouriste face à une SMV ? Quels sont les gestes de secours à privilégier ? Et après, quelles sont les prises en charge médicales et/ou psychologiques possibles pour le sauveteur citoyen ? |
SE PROTEGER
Dans un premier temps, il est primordial que le sauveteur-citoyen évalue la situation et fasse le nécessaire pour se mettre en sécurité avec les personnes valides. Si le danger initial est toujours présent et le menace, il peut tenter d'évacuer la zone dangereuse. Si cela lui est impossible ou l'expose trop franchement, il va plutôt chercher à se confiner jusqu'à ce que le danger soit supprimé, écarté ou isolé (penser au mode silencieux du téléphone est un plus dans ces moments durant lesquels le plus grand silence pourrait être salvateur).
Sauf action réflexe de survie ou opportunité franche, les actes héroïques sont à proscrire.
Dans un second temps, dès lors que le "calme est revenu" et en fonction de ses compétences et surtout du matériel à sa disposition, le citoyen peut mettre en œuvre des mesures de sauvegarde et de protection.
Celles-ci peuvent permettre de limiter le nombre de blessés pouvant évoluer, par exemple :
- Barrer une conduite de gaz, aérer un local ...
- Baliser un accident de la circulation (Triangle, gilet jaune, éclairage, feux de détresse ...)
- Mettre à l'arrêt une machine en cause ou détériorée par l'accident
- Eteindre un début d'incendie localisé avec un extincteur
- Fermer certains accès pour isoler le danger des "survivants"
- Faire éventuellement retirer les vêtements des impliqués, contaminés par des substances chimiques
Si des victimes sont contaminées par des produits chimiques, faites en sorte de ne pas les toucher et d'éviter au maximum de respirer. Cherchez à vous mettre à l'air libre au plus vite.
Dans la mesure du possible et en fonction de la nature du danger persistant auquel est exposé le sauveteur-citoyen, celui-ci peut être amené à évacuer des blessés de la zone dangereuse (dégagement d'urgence si nécessaire, aide à la marche ou à la course ...) ou rester confiné jusqu'à l'arrivée des secours.
Si vous êtes cachés et ne devez pas être localisés, éteigniez ou faites éteindre au plus vite les téléphones portables (ou en mode silencieux). L'hyper médiatisation actuelle provoquera une inquiétude compréhensible de vos proches. Ils auront alors le mauvais réflexe de vous téléphoner et ainsi faire raisonner la douce sonnerie qui vous accompagne habituellement, mais qui ce jour là pourrait attirer l'attention de personnes malveillantes et certainement armées.
- S'il est en état et que la situation le permet, le citoyen va tenter de prendre certaines informations afin de joindre les secours au plus vite par le biais du numéro 18 ou 112. L'opérateur des pompiers ou du SAMU va attendre au minimum les renseignements suivants :
Ne raccrocher que lorsque cela vous est clairement demandé.
|
Dans l'idéal et afin de faire comprendre aux services de secours le niveau de gravité de la situation, le secouriste-citoyen va devoir reprendre son calme (une grande inspiration/expiration) et prendre du recul et/ou de la hauteur sur la situation, dans la mesure où cela ne l'expose pas au danger. Cela est bien évidemment plus facile à dire qu'à faire, mais la distance prise permettra de s'isoler des bruits et cris pouvant gêner la compréhension de l'opérateur, mais aussi d'avoir une vision la plus globale possible afin de décrire la nature des blessures, l'étendue de la zone dangereuse, mais aussi de faire un décompte rapide et "à la volée" du nombre de blessés.
Le risque à cet instant, c'est que le citoyen chargé d'alerter les secours se fasse accaparer par les blessés et vienne à mettre de côté l'alerte pour privilégier la mise en œuvre de gestes de secours. Rappelez-vous qu'il est normal de ne pas pouvoir affronter seul ce genre de situation et qu'une prise de recul de votre part à ce moment n'est pas le reflet d'un abandon mais d'une volonté d'être un interlocuteur fiable pour les secours. Cela se reflètera indéniablement dans la rapidité et l'ampleur des moyens qui seront engagés pour vous renforcer puis vous relayer sur place.
En fonction de la précision et de la fiabilité des informations transmises, certains plans spéciaux peuvent être déclenchés dès votre appel afin de faire face immédiatement à de nombreuses victimes ou un danger important :
- Plan rouge, NOVI pour la prise en charge des blessés
- Plan jaune pour le risque NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique)
- Moyens d'extinction en cas d'incendie ou d'accident industriel ...
A noter que votre appel va entraîner une remontée d'informations immédiate aux autorités publiques et le déclenchement d'une chaîne de commandement dont la montée en puissance va découler des informations recueillies grâce aux appels des témoins proches ou lointains, mais aussi des premiers intervenants.
Avant de développer la succession de gestes qui peuvent être mis en œuvre sur les victimes, il faut garder à l'esprit que certaines personnes sont déjà décédées ou vont mourir. Votre rôle est de "limiter la casse" en prodiguant des gestes simples et rapides à un maximum de blessés dont les chances de survie sont à un niveau acceptable. Lorsqu'il y'a un nombre important de blessés graves (saignements abondants, inconscients, arrêt de la respiration ...), il va falloir agir dans un ordre de priorité permettant à un maximum de personnes de survivre :
1 - ARRETER LES SAIGNEMENTS IMPORTANTS : Lorsqu'un adulte perd 3 litres de sang, son cœur s'arrête ... Il est donc primordial et prioritaire de stopper au plus vite les saignements importants des membres en comprimant la ou les plaie(s). Afin de libérer ses mains pour s'occuper des autres blessés, le citoyen utilisera un vêtement (écharpe, bas, collant, sous-pull...) pour s'en servir comme pansement compressif de fortune. Chaque plaie hémorragique devra être maintenue comprimée, sans interruption.
|
|
2 - METTRE SUR LE CÔTE LES VICTIMES INCONSCIENTES QUI RESPIRENT Dès lors que les saignements sont arrêtés, le citoyen-sauveteur doit se diriger vers les victimes inconscientes accessibles. Celles qui ne respirent plus ne peuvent bénéficier d'un massage cardiaque pour le moment.
Les victimes qui respirent seront mises en Position latérale de sécurité (PLS) afin d'éviter que du sang, de la salive ou des vomissements viennent noyer, étouffer et détruire les poumons (acidité des vomissements par exemple). Préférez tourner la victime sur son côté blessé afin de parfaire la compression de votre pansement.
Vous n'avez pas appris à faire la PLS, pas de panique ! Vous avez la possibilité de vous former ou dans une situation critique simplement faire rouler la victime sur le côté. |
|
3 - METTRE EN POSITION D'ATTENTE LES VICTIMES "CONSCIENTES" Si des personnes présentent des plaies au thorax, les installer en position assise contre un mur pour limiter la compression
des poumons par les organes. Ne pas appuyer sur la plaie pour ne pas provoquer un écoulement de sang dans les poumons. |
|
En cas de plaies à l'abdomen, allonger la victime et repliez ses jambes afin de relâcher la ceinture abdominale et ainsi limiter la douleur. Cette position est semblable à la position fœtale que l'on adopte habituellement lorsque l'on ressent une douleur au ventre. | |
En cas d'explosion, de choc violent ou d'exposition à un produit chimique, certaines victimes conscientes peuvent présenter un saignement des orifices naturels. Le secouriste citoyen va alors tenter de les installer dans une position permettant au sang de s'écouler vers l'extérieur :
- Assis en cas de toux, crachats et vomissements de sang
- Allongé sur le côté atteint pour un saignement de l'oreille - Allongé les jambes repliées pour les voies basses. |
Les victimes qui ne respirent plus seront bien souvent déclarées décédées. Cela peut paraître choquant, mais il est préférable qu'un sauveteur soit accaparé à réaliser des pansements compressifs permettant de garder en vie plusieurs personnes, plutôt qu'il se focalise à réaliser un massage cardiaque sur une seule victime dont l'espérance de vie est fortement compromise.
Participez à éviter autant que possible la dispersion des victimes et impliqués, notamment en cas de présence de substances toxiques.